Les fêtes de la Madeleine 2009 changent de peau

Cinq jours au lieu de sept. Ça n’a pas l’air de grand-chose, vu de loin, mais pour beaucoup de Montois et autres habitués de ce premier grand pèlerinage « hestayre » de l’été dans le Sud-Ouest, c’est une mini-révolution.

MADELEINE OUVERTURE

Eh oui, cette année, Madeleine se met aux normes. Quelques mauvaises langues chauvines diront que l’édition 2009 rentre dans le rang, les plus objectifs reconnaîtront que ce « format » est sans doute le mieux adapté au modèle ferias. Comme Bayonne ou Dax, qui l’ont adopté précédemment.

MADELEINE OUVERTURE

Les fêtes ont donc démarré hier, à 12 h 08, par le remise des clés de Mme le Maire à l’orchestre montois. Une Geneviève Darrieussecq qui sait qu’ici, le premier magistrat joue gros à chaque édition de la fierté de la ville. Et qui a, pour la première fois, l’occasion d’imprimer sa marque sur la ville conquise en mars 2008. Cinq jours et cinq nuits, donc : c’est plus court, mais c’est censé être plus intense, plus diurne aussi, quand les rues de la ville avaient pris l’habitude de sonner creux la journée pour permettre à tous de récupérer et de tenir la distance…

Samedi 18 Juillet 2009


Échos du Plumaçon : Musique applaudie

La musique de l’Orchestre montois, au moment où elle jouait pour le 2ème toro de Juan Bautista, a été chaleureusement applaudie par le public, un fan scandant même ses félicitations à haute voix

Samedi 18 Juillet 2009


MONT-DE-MARSAN. Depuis vingt-deux ans, l’animation musicale des arènes du Plumaçon est confiée à l’Orchestre montois. Son chef Michel Cloup, peut, cette année, décider de stopper la musique

L’homme qui a un oeil derrière la tête

C’est l’homme qui, au Plumaçon, tourne le dos au ruedo quand la faena est belle. Michel Cloup est le chef de l’Orchestre montois. Ça dure depuis vingt-deux ans à une époque où l’Orchestre était encore Harmonie.

« C’est frustrant », dit-il, « mais mon rôle n’est pas d’assister au spectacle. » On n’est pas à Séville où le chef se contente d’indiquer à l’orchestre les morceaux à jouer et suit la course comme un spectateur lambda.

Un coup de sonnette

Lors de cette feria et pour la première fois à Mont-de-Marsan, Michel Cloup avait la responsabilité d’arrêter la musique. La présidence commande au démarrage (via un petit coup de sonnette) mais c’est lui qui juge jusqu’où continuer. « Il faut arriver à comprendre, presque anticiper, à quel moment le torero va rompre son engagement. »

En fait, c’est comme si Michel Cloup avait un oeil derrière la tête. Il dirige la soixantaine de musiciens qui loge dans le palco trop exigu qui lui est dédié et dans le même temps, il doit tout savoir de ce qu’il se passe dans le ruedo.

10117163(1)

Aficionado depuis l’âge de 12 ans, avec plusieurs centaines de corridas au compteur, son expérience le sert. Il préfère insister sur autre chose. « Dans l’orchestre, chacun sait ce qu’il a à faire. Je peux relâcher mon attention pour regarder derrière. »

Coller à la faena

Vendredi, pour la corrida d’ouverture des fêtes de la Madeleine, les musiciens ont d’abord été réduits au silence laissant les seules clarines résonner, égrainant des tercios pas palpitants.

« On est orphelin quand on ne joue pas. C’est plus que frustrant », lâche le chef. Les musiciens meublent le temps en grignotant une tranche de saucisson, « c’est notre dopage », voire un coup de gnôle pour les plus poilus. « On jouera jamais », râlent les plus jeunes, « la présidence est trop dure à convaincre ». Et puis au premier toro de Juan-Bautista, coup de sonnette et en avant la musique.

Michel Cloup, qui possède un trésor de 835 partitions complètes ou partielles largement héritées de son grand-père et de son père, y puise à loisir. Pour le deuxième toro du Juli, ce sera « Alegrias ». « Le but, c’est l’adéquation entre ce qu’il se passe dans le ruedo et ce qu’il se passe musicalement. Des fois, ça marche, des fois pas. » Pour El Juli, c’était parfait.

Allez, encore un petit coup pour le dernier toro. « Elle est bien la musique à Mont-de-Marsan », lance un spectateur. Un peu qu’elle est bien ! Et ça se sait loin, y compris à Béziers où depuis dix ans l’Orchestre montois anime les arènes.

Jean-François Renaut / Dimanche 19 Juillet 2009


Ponce est montois

Ils sont quand même bizarres, ces Samuel Flores. On dirait vraiment qu’ils n’obéissent qu’à Ponce. Enrique, comme ils doivent l’appeller entre eux, au campo. Il faut dire qu’il vient tienter à longueur d’année chez Don Samuel. Il éduque leurs mamans, en quelque sorte. Il leur apprend à transmettre. Pour plus tard. Que les « petits cornus » sachent comment faire quand vient l’heure de jouer la bonne partition avecle maestro, comme hier. Ciel d’orage et de pénombre, cuadrilla au garde-à-vous, faena brindée au Plumaçon, hommage à l’orchestre, passes de rêve, public debout quasiment à la demande : la figura a usé de toute la panoplie, n’a rien oublié. Le « torero » scandé par des arènes en transes voulait triompher et l’a fait, comme s’il pouvait l’avoir programmé. Il aurait torée les six indomptables fauves de la tarde – tous aussi sournois avant la pique qu’insatiables une fois flairée la muleta – il aurait coupé 18 oreilles, 9 queues et indulté la moitié du lot ! Pfff. Evidemment, on exagère. Vega aurait bien aimé. El Cid a à peine osé, face au meilleur Flores qui méritait sa vuelta. Tiens, comme le novillo de Thomas Dufau le matin, au fait. Venu de l’élevage d’un certain Enrique Ponce. Mayoral a hombros en matinée multiplié par triomphe du maestro en soirée, pas besoin de chercher la racine carrée : les Dacquois ne vont pas en revenir, mais désormais, Enrique Ponce est (aussi) montois. Pour le reste, où en étions nous restés ? Ah oui, on reprend donc : quatrième triomphe en quatre jours, 14 oreilles coupées, no hay billetes ce soir. Donc, la question aura duré toute la feria : à qui le tour ?

Jean-Pierre Dorian / Mardi 21 Juillet 2009


Quand un fiasco est un fiasco

Salut des banderilleros Juan Sierra au deuxième toro, Curro Robles au troisième, et Luis Garcia au suivant.

Six toros du fer de Zalduendo. Six touchettes à la pique.

S’il est un avantage à tirer de ce genre de corrida fiasco ou peu s’en faut, c’est bien de montrer ce que l’on ne veut plus voir : des toros imprésentables, dit le jargon, indignes du renom du Plumaçon et autres plazas de semblable catégorie. Sur les gradins, les références aux cornus englobaient tantôt des mammifères, les chats et donc les rats, ou du menu fretin aquatique, anchois et autres sardines. Et c’est vrai qu’à la vue des numéros 2, 3 et 4, on se frottait les yeux, interloqués du minuscule gabarit proposé. L’insatisfaction ou le courroux du public aurait pu se diluer si le moral et la mobilité de ce bétail avaient compensé l’aspect chétif du lot et des cornes. Avec du moteur, de la caste, un brin de transmission et d’émotion, les faenas auraient démarré et tempéré ce flop. Ajoutez-y une température de cocotte-minute, quand le bouchon se met à siffler, et vous n’aurez de peine à comprendre l’unanime désillusion. Un « fracaso » préjudiciable à l’éleveur bien sûr, puis aux toreros et à leur entourage que l’on sait si tatillon sur le choix des cornus dans les prés. Ce fut donc l’effet boomerang et messieurs les vedettes, commencez par vous en prendre à vous-mêmes.

Les organisateurs doivent aussi réfléchir et savoir, comme dit plus haut, ce qui n’est pas admissible. Difficile de passer quatre tardes aussi homogènes question morphologie et sombrer au final. Quatre jours de caviar à la louche et le dernier soir, une cuillère à moka de nouilles froides. Avouons également que si cette décevante course avait débuté le cycle, « autro gallo cantaria… ».

On crut pourtant d’entrée, enfants gâtés que nous sommes, que tout allait ronronner de plaisir lors de la faena d’ouverture d’El Juli. Il liait sur place toutes ses naturelles, respecta de façon magique un arrêt du toro, immobile durant dix secondes à ses pieds, et finit en le tortillonnant de tous côtés. En fait, cette faena cachait misère comme l’arbre la forêt, tellement Julian sut de son incroyable technique, rendre jaloux ce premier toro. Il traîna hélas à l’épée et se vit privé d’oreille. La corrida s’arrêtait là.

Car la suite se résuma aux détails et aux efforts de Perera et de Daniel Luque qui voyaient le plancher s’effondrer sous leurs mocassins. Tout prenait l’eau, alors qu’on en réclamait pour se rafraîchir. Et les magnifiques musiciens de l’Orchestre Montois, l’un des triomphateurs de cette Madeleine 2009, ressemblaient à ceux du Titanic.

Plus un billet. 38,8 degrés. Micro-ondes, position 7.

Zocato / Mercredi 22 Juillet 2009


Échos du Plumaçon : Courroux

Celui de Michel Cloup, le chef de l’Orchestre montois, quand la présidence lui a demandé de jouer pendant la fin de la faena de Perrera à son second adversaire. Soit c’était trop tard, soit il n’aurait pas du tout fallu jouer de musique pour ce toro.

Mercredi 22 Juillet 2009


Reçu quatre sur cinq

Au rayon des souvenirs qui resteront, Marie Sara place en tête la corrida de dimanche, avec la sensation des toros de Fuente Ymbro. « Ça a été un grand moment d’émotion du début à la fin, avec des toros nobles, des toros braves, des suertes avec le picador. »

Elle garde aussi en mémoire la corrida de Samuel Flores de lundi, avec Enrique Ponce. « Il a été magistral, juge-t-elle. Voir pendant trois minutes les gens debout scander « torero, torero » avec cet hymne valencien à la fin, c’était fantastique. »

Benjamin Ferret / Jeudi 23 Juillet 2009

Vidéo de l’Orchestre pendant la Madeleine 2009